Auteur: Urbain Karim DA SILVA Edition: SILVA Pages: 54
«Tout acte posé par un homme doit entrer dans l’histoire» dit un dicton du Dahomey. Héros national et résistant, Béhanzin-Hossou-Bowélé (le germe du monde) a été le 10ème et dernier roi du Dahomey du 6 janvier 1890 au 15 janvier 1894, un règne bref, mais qui a marqué les esprits. Son règne est «sans conteste le plus éclatant à cause de l’exemplarité de son combat pour l’intégrité territoriale et la liberté de la patrie» dit Jean Roger AYOYO. «C’est une vérité d’expérience banale que l’imagination populaire déforme l’histoire. Les personnages qui l’émeuvent ou excitent sa curiosité, elle les exagère, les grandit, parfois même démesurément, en fait des types surhumains. Le recul des siècles aidant, le mythe divinise le héros. Il ne s’agit pas ici de faire de Béhanzin un Priam, ou un Xerxès vaincu. On voudrait seulement le replacer dans le cadre de la vérité historique» écrit, fort justement, Daniel MASSE. Né vers 1845, sous le nom d’Ahokponou Gnacadja, il prend, en 1875, le titre de prince Kondo et décèdera, en exil, à Blida, en Algérie, le 10 décembre 1906. Son corps n’a été rapatrié au Bénin, à Djimé (Abomey), que le 9 mars 1928. Son nom, «Gbéhanzin Aïdjré» signifie «l’univers porte l’œuf que la terre désire». Béhanzin est arrivé au trône, dans un contexte particulier. Depuis le début du XVIème siècle, le royaume du Dahomey vivait en partie de l’huile de palme, mais aussi du trafic des esclaves. Or, en 1888, le Brésil, un ancien allié du Dahomey, a aboli l’esclavage. Les ancêtres de Béhanzin négociaient avec les Européens, d’égal à égal, sur la base des traités de commerce. En effet, le roi du Dahomey a témoigné, par ses actes, d’un grand esprit d’indépendance : «Le dédain avec lequel le Dahomey a, de tout temps, considéré les puissances européennes est un trait saillant de la fierté indigène» écrit Alain FOA. Cependant, à partir de 1885, les Européens se sont partagés l’Afrique ; le colonialisme est triomphant. Les Français, en particulier, avec peu de moyens militaires au départ, ont mis en place une stratégie, qu’ils appliqueront après l’indépendance, à travers la Françafrique, entreprendre, progressivement, la conquête du Dahomey, par les royaumes côtiers. Le roi de Porto-Novo, Toffa, est jugé accommodant et servile et a signé un traité de protectorat avec les Français. Glélé, le père de Béhanzin, alors malade, avait tenté de résister contre cette prédation. Béhanzin, peu malléable, nourri de cet héritage de résistance au colonialisme, a poursuivi et amplifié, vainement, l’action de son père. Le roi requin, avait déclaré la guerre aux Français sous forme d’allégorie «Le requin audacieux a troublé la barre». Béhanzin s’est toujours déclaré ami de la France et voulait le commerce avec ce pays, mais la donne avait changé, la France ne reconnaissant que ses serviteurs dociles, pour conforter son projet de conquête coloniale. «Un certain nombre de petits chefs de peuplades voisines des côtes, entre autres le roi Toffa, s’étaient mis sous le protectorat français. Or, le roi du Dahomey, habitué à être considéré comme le plus puissant souverain des parages, fut sans doute fort mécontent de nous voir établir aussi près de son territoire» écrit François DESPLANTES. Par conséquent, «la mise en dépendance», pour longtemps, de l’Afrique, avait bien commencé, pour reprendre une expression du professeur Catherine COQUERY-VIDROVITCH.
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